Journal de bord d'Elliott Turgeon
16 octobre 2010
C'est inutile, notre communication est voué à l'échec: mes hôtes sont des esprits primitifs. J'ai abandonné la semaine dernière de communiquer avec eux à ma façon.
Ils n'arrivent pas à entendre ma télépathie!
C'est triste, nous nous serions tellement mieux compris. Ils sont bornés à vouloir m'apprendre leur langue. Donc, après 8 mois de vains efforts pour discuter avec eux par la pensée, j'ai commencé à contrecoeur leur dialecte.
J'avais bien essayé quelque "ah" et "mmmmmh" par ci par là, mais j'espérais tant percer le mystère de leur cerveau que je n'y perdais pas trop de temps. Avec leur multiples efforts pour essayer de me rejoindre oralement, j'ai flanché, ils sont trop sympathiques. Ils me paraissent néanmoins un peu déficients lorsque je les vois répéter bêtement ce que je leur dis.
- DaaahaDa, que je tente en premier lieu. Le claquement de langue et du palais n'étant pas aisé.
- DaaahaDa. Bon garçon! qu'ils s'exclament.
- Boubrhhbaaaa. (en espérant qu'ils y comprennent quelque chose)
- Booobrhbbaaaa. C'est beau! .... alors que je saisis très bien qu'ils ne tentent que le renforcement positif.
C'est frustrant! Au lieu de corriger mon élocution, souvent, ils ne font que répéter mes erreurs langagiers. Mais bon, ils ont tellement l'air de s'amuser que ça me fait rire de les voir se forcer autant.
Je crie "AAAH". Ils crient "AAAH!". Je fais un petit "Hiiiididii!". Ils répètent "Hiiiididii!". Vous voyez le topo!
Et c'est sans compter toutes les fois que l'homme m'a appelé "Papa". Et sa conjointe, guère plus intelligente, "maman". Je n'y comprends rien. Surtout que les 2 s'entendaient déjà pour m'interpeller avec le joli prénom: Elliott. Soudainement, lorsqu'ils remarqués que j'explorais les syllabes de leur langue, ils ont mis l'emphase sur ces 2 appellations personnelles.
Ça veut peut-être dire quelque chose d'important!?!
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18 octobre 2010
Je dois être honnête, je m'amuse vraiment beaucoup ces temps ci.
Je suis très chatouilleux et ils se plaisent à profiter de cette faiblesse. Un peu trop même, alors lorsque je suis fatigué, je ris et je pleure par intermittence. Ils arrêtent assez rapidement à ce moment.
Leur félin est toujours en fuite à ma présence. Je me trouve alors encore plus souvent dans sa tanière puisque je sais qu'il doit s'y rendre pour ses divers besoins primaires: manger et se soulager. Dès que j'en ai l'occasion je file en toute vitesse vers sa pièce, mais malheureusement, son maître coupe rapidement mon élan et me retourne à 180 degrés, tout simplement.
Il croit, à tort, que ce simple déplacement me rendra assez confus pour me distraire. Vous saurez, monsieur, que je maîtrise très bien le tour sur soi-même!
Avec mes nouvelles aptitudes de déplacement et de communication, j'ai pu accéder à une porte de sortie vitrée. De là, je vois au loin les autres habitations environnantes et je passe quelques minutes par jour à regarder vaguement le grand espace que je rêve de parcourir. Bientôt. Très bientôt je pourrai quitter ce bled.
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C'est par là que je m'évaderai un jour. |
Je fais maintenant rapidement le tour de cette résidence. Je m'entraîne à faire l'aller-retour salon-cuisine chaque matin et soir. Mon chrono s'est amélioré particulièrement dans les derniers jours en même temps que ma forme physique aussi, même si on m'attache des sobriquets tels que "chubby" et "rondelet".
Ça semble leur paraître facile à eux, du haut de leur 5'8" et leur 150 livres, mais je parie qu'il n'arriverait pas à ramper sans arrêt pendant 1 heure.
Essayez bande de lourdauds!
Grâce à mes capacités motrices croissantes, je peux maintenant résister presque chaque soir lorsqu'il me sort de mon bain. Je suis là, tranquille, paisible, à patauger et me réchauffer et puis soudainement, paf, sans avertir, il me retire de l'eau, cessant mes merveilleuses activités aquatiques (i.e. arroser ce crétin qui me laisse me cogner sur les parois du bain) pour aller me refroidir de leur multiples crèmes hydratantes FROIDES. Ils arrivent à me faire sourire quelques temps grâce au son magique du petit canard jaune (lorsqu'il fait pouet-pouet, je m'esclaffe à tout coup, je ne m'en lasse jamais, je jubile de le mordiller!).
Mais aussitôt qu'il en ait à l'étape de m'habiller avec un habit 1 pièce, un "pyjama", une grenouillère, je réussis par un violent coup de bassin à me tourner le haut du corps. Alors celui prénommé Matthieu jure et rie un peu jaune en tentant, difficilement, de me plaquer au sol pour m'enfiler ce vêtement puéril.
Je sens que je commence un peu à prendre le dessus sur lui. N'empêche que je le trouve un peu méfiant à mon égard.
Bizarrement, il me gigote moins le matin suite à mon premier boire.
Ça semble lui avoir laisser un léger goût amer lorsque je lui ai régurgité directement dans la bouche.
Et vlan!
Elliott Turgeon