Voici un autre texte écrit pour le roman, mais qui a été retiré au dernier moment. Il met en place Pascal (ami et co-auteur) et moi dans notre jeune temps. C'est mon cher partenaire qui initié cette belle idée, alors c'est lui qui prend parole.
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Fin de l’été 1990, en banlieue de
Joliette. Retour à l’école après les vacances estivales. Il est 7h21, dans un
autobus scolaire aux banquettes vertes foncées, aussi confortables que les
sièges d’auto des Pierrafeu. Sur le 4e rang, nous sommes en direction de la
maison de mon ami Matthieu. Je suis un peu fébrile, la première journée d’école
après les vacances est toujours un peu stressante. La rentrée, les nouveaux
profs, une nouvelle classe et peut-être des nouvelles filles. Pour les
impressionner, j'ai mon nouveau t-shirt Vuarnet-fluo qui «fitte» avec mes
lacets jaunes-fluo.
Je fais un signe discret de la tête,
très cool, lorsque je vois apparaître
le numéro deux à l'intérieur. Il faut que je garde une expression détendue, pas
trop excitée, car si les filles me regardent elles penseront que j'ai l'air hot. Matthieu, toujours aussi rousselé,
avec sa coupe champignon, s'avance avec son air «relaxe». Je l’interpelle.
— Salut man! Pis? Tes vacances?
— Super! Pis toi, nouveau style, ça
fesse ça Pasc!
— De quoi?
—Tes cheveux sta faire!
— Ben… je me suis dit que je ne les
couperais plus.
— Ouin… tu as l’air du chanteur
Boule Noir là! Ça frise ton affaire. C’est mauvais ça il me semble. On va
devenir la risée du bus si tu flashes
trop.
— Meee… Même pas! Quand mes cheveux
vont être longs, toutes les filles vont vouloir sortir avec moi, tu verras
Matt. Moi je pense que ma cote va monter. Si tu as honte, il reste de la place
en avant en passant.
— Et aller
m’assoir avec mon petit frère? T’es malade! PAS QUESTION QUE J’AILLE M’ASSOIR
AVEC LES BÉBÉS DE PREMIÈRE ANNÉE… Heille rapport, là!
— C't'une joke!
Capote pas de même! Dis-toi que tu es chanceux d’avoir un petit frère. Tu peux
t’en servir comme punching bag quand
tu veux t‘entraîner. C’est cool. Moi
le mien est toujours chez mon papa, pas moyen de me défouler.
— Ouin, mais
c'est pas facile d'être trois. Je suis pas sûr que je vais vouloir avoir des
bébés garçons plus tard.
— Ah parce que
c’est nous qui choisissons ce qu’on veut? Gars ou fille?
— C’est sûr que oui.
Tout le monde sait ça!
— Ah? Tout le
monde? Euh... je veux dire, ouin, je sais!
— Faque, tu sais
comment faire des bébés, Pasc?
— C’est sûr…
Pfff… Rapport man. J’ai juste pas
envie d’avoir une bedaine.
— Une bedaine?
— Tous les papas
ont une bedaine quand ils ont des enfants. En plus ils perdent leurs
cheveux.
— Tes cheveux
sont bien trop imposants... Euh importants, faudrait pas que ça t’arrive, tsé.
— Full pas non. Pour l’affaire de faire
des bébés mon Matt, toi aussi tu le sais d'abord, comment on fait ça?
— Ben oui. Mon
grand frère m'a dit comment on faisait ça.
— Meeeee! Pour
vrai? C’est comment?
— Il m’a dit que
ça prend un gars et une fille tous nu pis…
— Hein? Tout nu?
Il faut la regarder pis toute? Dégueu!
— Est-ce que tu
veux le savoir ou non Pasc?
— Oui, oui, oui,
continu.
— Donc un gars et
une fille tout nu et là il faut qu’ils s’embrassent.
—
Mmmeeeeeeee pour vrai? Il faut
qu’ils s’embrassent? Il faut qu’ils s’embrassent où?
— Comment ça où?
— Ben, ils
doivent s’embrasser où? Dans la maison ou dehors?
— Eille je sais
pas moi. Il m’a juste dit ça.
— Et c’est quand
qu’on décide le choix du bébé?
— Eille, il m’a
pas dit ça non plus.
— Ouin j’ai un
doute là. Ah non ! Fuck Matt ça chie!
— Comment ça, ça
chie?
— Ma tante Diane
m’a déjà embrassé sur la bouche!
— T’es dans marde
Pasc.
— Ah merde, je
vais être pris comme ma mère à faire une demie-tonne de bouffe et faire des
lunchs tous les matins pendant une heure. Pis faire du ménage. Pis devoir aller
travailler au lieu de jouer à Mario Bros 3. Matt, ça me tente pas!
— Bah, c'est cool, pus de devoir. C'est cute quand même un bébé à part quand ça
braille. Pis il paraît que tu reçois de l'argent par la poste quand tu as des
enfants. Plus t'en fais, plus on t'en envoie. Imagine tous les jeux que tu
pourras t’acheter. C'est sûr que tu verras pus ben ben tes amis, tu vas être
tout le temps avec ta tante. Vas falloir que tu déménages avec, avant de te
séparer.
— Pension
alimentaire pis toute, pis toute. Il me faut au moins un million dans mon
compte. J'vais demander toute de suite un chèque à mon père. Pis mon oncle,
lui?
— Le chum de ta
tante? Ben, il va se trouver une nouvelle blonde, faque tu vas avoir deux
tantes. C'est pas pire, hein?
— AHHHH mais
attends un peu. Elle était pas tout nu! C’était à Noël, tout le monde était
habillé. Donc ça compte pas! Chus correct. Chus correct?
— Fiou, tu es
vraiment chanceux. Mais écoute-moi bien là, arrête d’embrasser les filles sur
la bouche. Sinon, traînes-toi un caoutchouc. Ok?
— Euh…ok.
Pourquoi?
— Parce que mon
frère m’a dit que pour se protéger contre les bébés il faut mettre un
caoutchouc.
— Mmeeeeee, où
ça?
— Où quoi?
— On le mets où?
— D'après toi,
sur la langue c't'affaire!
— Ah ben oui j’y
avais pas pensé.
— Ouin, suis un
peu cibole!
— Oui oui, tu as
raison Matt s’cuse-moi. C’est juste que… Mais c’est dégueu ça.
— Je sais, et il
parait qu’il y a plein de couleurs différentes.
— Ça sert à quoi
si on se met ça dans la bouche et que personne nous voit avec?
— Sais pas!
— C’est plus
compliqué que je pensais. Tu es sûr que ton frère te niaisait pas?
— Ben, peut-être.
On prendra pas de chance quand même. Trouve-toi un caoutchouc.
—Tu as raison. Ma
mère entrepose ses pneus d’hiver au sous-sol, je vais en trouver là c’est sûr.
Eille Matt, as-tu fait croire finalement à ton petit frère qu’il allait attrapé
le scorbut s’il ne buvait pas dix verres de jus d’orange à tous les jours comme
tu m’avais dit ?
— Mets-en! Ma
mère capote, tellement ça lui coûte cher de jus. Hehehehe.
— Pis lui, il
croit tout ce que tu lui dit?
— Ben oui, c’est
moi le grand frère!
— Tu es le meilleur man.
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